De quelques effets pervers des lunettes sur la vision
Une vision non optimale appelle systématiquement dans nos esprits une seule solution : des lunettes. Pourtant, cette solution n’est pas sans défauts. Je souhaite attirer l’attention dans cet article sur 2 effets pervers des lunettes qui peuvent concourir à dégrader notre vision.
Les verres de correction des lunettes souvent trop forts
Quand vous allez chez l’ophtalmo, il teste chaque œil et vous donne des verres adaptés à chaque œil. Or, la vision binoculaire est un peu supérieure à la vision monoculaire. Ce qui signifie que si vos deux yeux ont chacun 9/10 de vision, quand ils fonctionnent ils sont peut-être en fait à 9,25/10. (D’expérience, certains ophtalmos prennent cette donnée en compte, d’autres pas.)
Vous vous retrouvez avec des verres trop puissants et une surcorrection. L’image va alors se former, non pas sur la rétine, mais juste un peu derrière ou devant.
Si vous êtes myope, l’image se forme devant la rétine sans lunettes. Mais avec des lunettes, trop fortes, l’image se formera derrière la rétine, comme si vous étiez hypermétrope.
Si vous êtes hypermétrope, l’image se forme derrière la rétine sans lunettes. Mais avec des lunettes, trop fortes, l’image se formera devant la rétine, comme si vous étiez myope.
Les muscles oculaires vont donc s’activer pour agrandir ou rétrécir l’œil afin de faire tomber l’image sur la rétine.
C’est alors la fameuse phase où l’on a mal aux yeux en changeant de lunettes. « Ce n’est rien, c’est juste le temps de s’adapter », s’entend-on rétorquer. Mais comment vos yeux s’adaptent-ils ? En devenant encore plus myopes ou hypermétropes !
Le myope se retrouvera avec un œil encore plus « long » et l’hypermétrope avec un œil encore plus « court », car la tension dans les yeux sera permanente, exception faite de la nuit. Mais 8 heures en moyenne sans lunettes, est-ce suffisant pour contrebalancer 16 heures de port de lunettes ?
Serait-ce une cause de la dégradation rapide année après année de la vision chez les porteurs de lunettes ?
Comment contrebalancer cet effet pervers ? Demandez à votre ophtalmo s’il prend en compte la différence entre vision monoculaire et vision binoculaire. Sinon demandez à l’opticien de baisser la prescription. Ou encore, si après votre visite chez l’ophtalmo, il vous dit que votre vue a légèrement baissé, ne changez pas de verres !
La restriction du champ de vision
L’autre point pervers des lunettes est encore plus facile à comprendre. Il est la conclusion logique de 2 faits : les muscles oculaires jouent un rôle dans notre capacité à faire une mise au point sur des objets ; un muscle non utilisé perd de ses capacités.
Or, quand vous portez des lunettes, vous subissez une restriction de votre champ de vision. En effet, vos muscles ne sont plus sollicités vers les bords, c’est-à-dire en dehors du cadre imposé par les lunettes.
Si vous portez des lunettes, vous ne vous en apercevez certainement plus, car ce nouveau champ visuel est devenu naturel pour vous. Mais c’est en fait un champ de vision restreint par rapport à vos capacités. Sans doute avez-vous déjà remarqué que lorsque vous mettez une capuche sur votre tête, vous deviez faire plus attention à ce qui se passe sur les côtés.
Vous devez tourner la tête plus souvent afin de compenser la perte du champ de vision. Mais si vous portiez en permanence une capuche, vous vous habitueriez à cette forme d’œillères.
Dès lors, puisque vos muscles oculaires sont moins sollicités sur les bords, ils ne peuvent que perdre leur pleine capacité. Vous perdez alors en force d’accommodation.
Quelle solution ? Il est donc préférable de porter des lentilles afin de garder un champ visuel complet.
Allons plus loin : les lunettes, béquilles ou prothèses ?
Le dernier effet pervers des lunettes, mais aussi des lentilles, est de vous rendre dépendants d’elles. Je ne nie pas que bon nombre de personnes ne pourraient vivre au quotidien sans elles. Pour ceux-là, elles sont indispensables. Mais 1) on peut se demander s’ils en seraient arrivés à ce point si vite s’ils n’en avaient pas porté ; 2) on ne rend pas compte qu’une vision un peu basse n’est pas forcément un problème.
Ce qui est étonnant dans la logique des lunettes, c’est de voir à quel point on nie la faculté d’autoguérison du corps. Si on vous suggérait, à cause un membre brisé, de porter un plâtre à vie, vous trouveriez cela étrange. On se rend bien compte après ce genre d’expérience que nos muscles, parce qu’ils n’ont plus travaillé, sont affaiblis. Si quelqu’un vous suggérait que, vu leur état, il vaudrait mieux vous poser une prothèse, vous trouveriez ce raisonnement absurde.
Dans quelle mesure nos yeux répondent-ils, ou pas, à cette même logique ? On accepte, sans questionner, le fait que l’œil ne peut que se dégrader, sans imaginer qu’il puisse se régénérer. Qu’une jambe amputée ne puisse repousser et nécessite une prothèse, nous sommes d’accord. Mais pourquoi en serait-il de même pour les yeux ? La thèse de la forme de l’œil qu’on ne peut pas modifier et qui serait héréditaire, programmée pour se désadapter de l’environnement donc, est battue en brèche par les personnes qui réussissent, à l’aide d’exercices, à améliorer leur vue.
Puisque notre corps a la faculté dans bien des cas de se réparer, pourquoi la vision échapperait-elle à ce processus ? Or, en portant des lunettes, le corps ne peut pas activer ce processus puisqu’on le leurre avec une bonne vision.
Quelle solution ? Pour faire travailler ses yeux dans le sens de l’autoguérison, il faut commencer par se passer de ses lunettes quand on n’en a pas besoin. Si votre vue le permet, ne les utilisez que pour des tâches impossibles sans elles. Si vous êtes presque aveugle sans elles, pourquoi ne pas les enlever quand vous n’avez rien à regarder, devant un paysage par exemple ? Au départ, c’est frustrant : mais c’est une bonne façon de permettre à vos yeux de travailler et se régénérer.
Il est parfaitement légitime de trouver que les lunettes sont une prothèse à vie bien pratique, et que l’effort nécessaire pour améliorer sa vue, sans forcément d’ailleurs retrouver une vue parfaite, ne vaut pas le coup d’être fourni. Mais encore faut-il que ce soit un choix éclairé.
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Pour résumer, l’idéal serait donc de porter des lentilles sous-corrigées, mais qu’on ne pourra pas enlever dans la journée. On peut alors tenter une sous-correction un peu plus forte. L’autre solution est d’avoir une paire de lunettes qu’on ne porte que lorsqu’elles sont vraiment indispensables.
Je n’ai, de plus, abordé qu’ici la dimension purement plus mécanique de la vision. Il faudrait ajouter à ces réflexions les dimensions énergétiques et psychologiques, pour être plus complet.
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